Après deux saisons loupées
sous la conduite
d’entraîneurs stars (Muller et Kovacs), Jean-Louis Campora
« invente » Arsène Wenger.
Ce jeune entraîneur inconnu, n’a en effet rien sur son CV lui
permettant d’intégrer un grand club de football. Responsable de la
formation à Strasbourg, il a ensuite pris fonction à la tête du modeste
club de Nancy. Son arrivée a pourtant comme effet de modifier
significativement le cap de la formation monégasque, qui sort de sa torpeur
ambiante. Wenger donne un vivifiant coup de fouet au club.
L’ambition, Wenger en a à revendre
et Jean-Louis Campora lui donne dès sa première saison les moyens de
réussir. Le nouveau technicien monégasque obtient ainsi tout ce qu’il veut.
Il ne faut que deux journées à un Monaco intelligemment renforcé
(Battiston, Hoddle et Hateley) et libéré de quelques fortes têtes (Lerby et
Busk) pour devenir leader du championnat. Un fauteuil de leader que le club
ne perd pas, et ce jusqu’à la 38ème journée, un bel exploit !
Bien que dominatrice de bout en
bout, l’équipe ne fait pourtant pas un champion exceptionnel. Tout d’abord
parce que Monaco est surtout un champion sur la régularité et sur le manque
de concurrence. Ensuite parce que l’équipe n‘a pas séduit par la qualité de
son jeu, l’inspiration d’Hoddle constituant la seule exception d’une équipe
prenant peu de risques et brillant par un formidable réalisme.
Il faut dire que Wenger est avant
tout un maître tacticien consciencieux qui recherche le maximum
d’efficacité. Monaco n’est plus l’équipe la plus brillante mais de loin la
plus performante ! Une philosophie qui va enfin donner une assise compatible
avec les joutes européennes.
Car c’est avant tout au niveau
continental que Wenger marque les esprits. Monaco grand d’Europe, voilà
l’héritage de l’Alsacien. Jadis systématiquement sorti dès les premiers
tours, Monaco va collectionner les grandes épopées sous l’ère Wenger. En
1989, en accédant jusqu’en quart de finale de la C1 malgré un nombre
incalculable de blessés. En 1990, en se hissant jusqu’en demi-finale de la C2, battu de manière
litigieuse par Gênes. Et bien évidemment en 1992, où Monaco compose une
sublime symphonie tout au long du parcours avant de sombrer face à des
Allemands bien inférieurs lors d’un jour de deuil pour le football français
(drame de Furiani). Monaco aurait dû remporter une Coupe d’Europe, d’autant
plus que l’ASM avait depuis 1991 retrouvé un allant offensif exemplaire,
sans rien perdre de sa nouvelle efficacité.
Sur le plan national, Monaco brille
aussi mais sa position de Poulidor du football français (second en 1991 et
1992) est bien plus difficile à accepter. Composant toujours de sublimes
effectifs alliant jeunes talents français, trouvailles africaines et stars
étrangères déchues mais revanchardes, Wenger profite des millions de
Campora mais ne se bat pas à armes égales face a un Marseille qui n’est supérieure
ni en talent ni dans le jeu, mais qui bénéficie de la caisse noire de Tapis
pour s’offrir par-ci par-là le destin de quelques rencontres de
Championnat. Car en Coupe de France, où la concurrence est plus saine, les
deux clubs font jeu égal avec une victoire chacune (Marseille en 89 et
Monaco en 91) et auraient dû se départager en finale 1992, annulée suite au
drame de Furiani. Wenger est tout de même considéré comme le meilleur
entraîneur de France à cette période.
La toute nouvelle Ligue des
Champions en 1994 est le dernier exploit de l’ère Wenger. Repêché en
dernière minute par la FFF
pour jouer la C1
à la place de Marseille enfin puni, Monaco répond présent. Il ne faut que
les deux plus grands clubs du monde (Barcelone et Milan) pour faire chuter
un Monaco qui se battra jusqu’en demi-finale. Un exploit qui laisse des
traces en championnat, Monaco ne finissant que 9ème après n’avoir connu que
le podium depuis l’arrivée de Wenger.
La saison 1995 est la celle de la
rupture. Considérablement renforcé et archi-favori pour le titre, Monaco
entame un début de saison calamiteux et Jean-Louis Campora limoge Wenger
dès septembre 1994. Un limogeage sévère pour l’entraîneur qui devait
composer avec de nombreuses blessures mais qui s’inscrit dans une logique
sportive évidente. Après 7 saisons, l’ère Wenger commençait effectivement à
s’essouffler.
Arsène Wenger a durablement marqué
les esprits à Monaco. Non pas par son palmarès qui aurait pu être plus
fourni en de meilleures circonstances, mais par ce bénéfique coup de fouet
européen dont Monaco profita encore par la suite. Dans l’histoire du club,
il y a clairement un avant et un après Wenger.
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