Le 442 Carré de
Claude Puel
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La Tactique
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Brève chronologie
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Assurant l’intérim après la
démission de Tigana en milieu de saison 1999,
Claude Puel est comme son prédécesseur adepte du
milieu en losange. Mais c’est en mettant en place un dispositif inspiré du
leader bordelais et qui descend du vieux 442 à plat que Puel remet
en selle l’ASM. Souhaitant instaurer un losange
en 2000, il se résout rapidement à utiliser de nouveau le 442 carré qui
permet au club de remporter le championnat de France. Dès lors, il conserve
le dispositif jusqu'à son départ à la fin de la saison 2001.
D’une manière générale, Claude Puel aura su malgré un effectif imposé développer un
dispositif tactique qui propose un football des plus spectaculaires.
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L’animation
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Le dispositif de Claude Puel
est basé sur l’explosivité. L’équipe alterne en cours de match des périodes
de forte domination et des périodes plus passives. La période de domination
est caractérisée par un jeu de passes courtes rapidement exécutées avec une
circulation haute du ballon. Le jeu sans ballon s’appuie sur un pressing
haut et de tous les instants. L’ensemble offre une courte mais intense
période apte à déstabiliser complètement l’adversaire, le poussant à la
faute. La période plus passive, permettant de reposer les organismes
s’appuie sur une formation relativement bien en place qui offre deux lignes
resserrées de défense à plat (4 défenseurs et 4 milieux) dans lequel le
danger reste constant grâce à la position avancée des 2 attaquants et
l’expression des talents individuels.
Cette explosivité est souvent utilisée d’entrée de jeu
afin de surprendre l’adversaire et faire rapidement la différence,
permettant de gérer le reste du match avec plus de sérénité.
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Les Besoins
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Le dispositif tient sa force de
la variété des approches : collectives, individuelles, centrées,
excentrées. Il donne une large part à l’inspiration et offre une belle
latitude à l’expression des solistes. Il nécessite donc de fortes
individualités mais devant disposer d’assez d’humilité pour être réceptif
aux messages de l’entraîneur afin de créer une vrai
force collective.
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La Variante (4312)
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Devant cadrer une équipe
résolument tournée vers l’offensive et peu encline à maîtriser avec sagesse
les efforts, Claude Puel utilise à de nombreuses
reprises un système plus prudent à trois milieux défensifs. Le principe
étant de sacrifier un des deux milieux excentrés au profit d’un troisième
récupérateur. Ce système est surtout mis en place en cours de match afin de
conserver une avance de buts obtenue très tôt dans la partie.
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Saison 1998/1999
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La Saison
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En difficulté sportive avec son
club et relationnelle avec ses joueurs, Jean Tigana
jette l’éponge en Janvier 1999. C’est ainsi que Claude Puel
est nommé entraîneur intérimaire, alors qu’il ne dispose que de deux années
d’expérience dans le staff en tant que préparateur physique. Entraîneur
tout aussi rigoureux mais moins rustre que Tigana,
Puel réussit à transmettre les valeurs qui ont
fait sa force en tant que joueur, son fameux « état
d’esprit » composé de rigueur, d’humilité et de solidarité.
Tactiquement, Puel modernise la formation
monégasque en adoptant les dogmes du moments : couverture alterné et
442 carré.
La combinaison tactique et
mentale permet au club de s’engager vers une remontée spectaculaire, ne
perdant qu’à une seule reprise dans la deuxième partie du championnat. Puel est alors maintenu à son poste pour la saison
suivante.
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Les Joueurs
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La défense se modernise par
rapport à l’ère Tigana puisque que le club adopte
pleinement le système de couverture alternée. Le départ de Konjic dès l’hiver, véritable stoppeur, et la
titularisation de Christanval, libéro de formation,
étant le symbole de cette transition.
Sagnol profite de la couverture de Legwinski qui penche encore vers la droite pour venir
appuyer l’attaque.
Au milieu de terrain, Puel abandonne le 442 losange de Tigana
trop offensif avec le trio Lamouchi, Gava, Giuly. En s’inspirant du 442 carré qui fait gagner
Bordeaux, l’entraîneur renforce l’entrejeu avec deux véritables
récupérateurs. Le choix des milieux offensifs titulaires est surtout
déterminé par les indisponibilités, et la blessure de Gava permet
l’adoption d’une doublette relativement complémentaire composée de Lamouchi et Giuly.
En attaque, le départ de Henry,
inconstant depuis le début de la saison n’altère pas l’efficacité
offensive. Une efficacité toutefois relative, puisque Ikpéba
et surtout Trezeguet se sentent moins à l’aise en
l’absence d’un véritable meneur.
Mais le gros travail effectué
par Puel est d’abord mental, réussissant à faire
passer son message de solidarité entre les joueurs, alors que Tigana ne disposait plus de l’écoute de ses troupes.
L’exemple frappant étant le retour du 442 losange composé de Lamouchi, Giuly et Gava (de
nouveau en forme). Ce système qui avait vu Tigana
échouer n’altère pas l’excellente dynamique du club retrouvée avec le 442
carré.
Le 442 carré instauré par Puel en 1999 était en effet une formation de
circonstance et non de conviction, liée à la nécessité de retrouver tout
autant un équilibre entre les lignes qu’une confiance pour les joueurs.
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Saison 1999/2000
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La Saison
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Le maintien de Puel au poste d’entraîneur ne conduit toutefois pas le
duo Campora/Biancheri à
lui laisser la totale maîtrise du domaine sportif. Puel
doit donc composer avec les choix de sa direction. Alors qu’il souhaite un
milieu gauche pour instaurer un losange et un défenseur expérimenté pour
encadrer Sagnol et Christanval,
amputés de Dumas, Puel
reçoit un meneur de jeu (Gallardo) et deux jeunes
défenseurs (Contreras et Marquez). Certes l’effectif dispose d’un potentiel
hors norme mais Puel doit composer avec un groupe
jeune et déséquilibré.
L’entraîneur maintient son
choix du 442 losange mais se retrouve avec les mêmes difficultés que Tigana en 1998/1999. Puel
tente alors un tour de force en adoptant le 442 carré qui avait stabilisé
son équipe en 1999 avec un Lamouchi reculant d’un
cran. La formule paie et va propulser Monaco Champion de France.
Un champion certes moins solide
défensivement et qui se sera souvent incliné, mais qui aura brillé en
proposant un football « champagne », offensif et chatoyant.
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Les Joueurs
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Barthez, malgré plusieurs
contre-performances sportives, devient un guide pour sa jeune défense. Une
défense qui s’appuie entièrement sur un Marquez faisant preuve d’une
maturité hors norme pour son âge. Avec Christanval,
il forme une charnière centrale adepte des interventions propres et des
relances appliquées. Le placement intelligent des deux joueurs compense le
déficit dans les combats physiques.
L’entrejeu s’avère relativement
complémentaire. Da Costa puis Djetou qui
s’imposera après une longue méforme, sont les joueurs les plus engagés
physiquement. Dans un autre registre, Lamouchi
excelle dans l’interception et la relance principalement sur Gallardo.
Devant, Giuly
est l’électron libre de la formation, souvent alerté par un Sagnol offensif qui préfère passer par-dessus Lamouchi. Giuly ne recherche
pas directement les attaquants. Lorsqu’il ne provoque pas, il préfère
servir un Gallardo plus apte à conduire le jeu de
l’équipe.
Le trio Gallardo,
Simone, Trezeguet s’avère être le moteur du jeu
collectif de l’équipe, effectuant de nombreuses combinaisons en triangle. Gallardo est le centre du dispositif, alimenté
directement par Léonard, Lamouchi et Giuly, l’argentin qui se recentre souvent impose son
rythme et use d’un registre riche et varié. Marco Simone s’avère très
disponible et très mobile, tournant autour de Trezeguet.
Gallardo mobilisant l’entre-jeu
adverse et Trezeguet la charnière centrale
adverse, Simone bénéficie de beaucoup d’espace malgré la position très
haute de l’ensemble de l’équipe.
Trezeguet, disposé très haut, sert de
point de fixation à Gallardo et Simone. Lorsqu’il
ne concrétise pas les actions, l’avant-centre remise
à la perfection, permettant à Simone de se retrouver en position idéale
pour marquer.
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Saison 2000/2001
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La Saison
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C’est une intersaison difficile
dans laquelle Claude Puel n’a que trop peu son
mot à dire qui scelle d’emblée le destin de cette saison. A l’exception des
mouvements de gardien, Puel voit, impuissant, le
départ de 3 de ses joueurs clés (Sagnol, Lamouchi, Trezeguet)
remplacés par des éléments de qualité moindre et au profil totalement
différent (Jurietti, Dabo,
Nonda).
L’entraîneur tente malgré tout
de maintenir le cap de la saison passée en se basant sur les certitudes
acquises et les éléments qui n’ont pas bougé, cependant une défense
constamment remaniée et un collectif moins performant enracine l’équipe de
Monaco dans l’anonymat du ventre mou, malgré un bon parcours en Coupe de la Ligue. Puel
est démis de ses fonctions à la fin de la saison par Campora.
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Les Joueurs
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La défense est un chantier
perpétuel pour Claude Puel. Blessures,
contre-performances et affaires extra sportives empêchent toute pérennité
et sérénité de s’installer dans l’arrière-garde monégasque. Ainsi, malgré
la qualité intrinsèque des joueurs, les multiples changements subis ou
conscients ont raison de la solidité défensive de Monaco. Marquez est
toutefois l’élément moteur du bloc défensif monégasque dont la seule
présence prévient quasi systématiquement Monaco de la défaite. Hormis
Marquez, seul Djetou, précieux par sa
polyvalence, se maintient à un niveau de champion de France. A droite, Jurietti, qui évoluais à gauche à Bastia, peine à
s’imposer, mais l’arrivée de Panucci à la
mi-saison offre à la formation monégasque un atout supplémentaire aussi
bien défensivement qu’offensivement.
Dans l’entre-jeu,
l’absence du premier relanceur Lamouchi se fait sentir, Dabo
ne disposant pas des mêmes qualités. Seul Farnerud
fait preuve, pendant une courte période, des mêmes qualités que l’ancien
monégasque.
En attaque, le départ de Trezeguet engendre un coup d’arrêt à la force
collective et l’efficacité offensive de l’équipe. Simone, amputé de son
point de fixation, se retrouve esseulé tandis que Nonda,
habitué à Rennes a être le centre des attentions, s’acclimate mal au
collectif monégasque. Les deux attaquants ne s’accordent pas sur le terrain
et se marchent sur les pieds. Ce phénomène pousse les deux milieux
offensifs à privilégier des options plus directes et plus individuelles. Giuly multiplie les percussions et les déchets, tandis
que Gallardo, souffrant de l’absence de Lamouchi en soutien, enchaîne les prises de risque pour
compenser les manques, lui permettant de soigner ses statistiques, mais
perdant grandement en productivité.
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