La saison 60/61 commence par une lourde
déception puisque la FFF
n’inscrira pas Monaco, vainqueur de la Coupe de France à la toute première édition
de la Coupe
d’Europe des Vainqueurs de Coupe. L’ASM, « invité » à participer aux
compétitions françaises depuis 1924 avait pris de cours une fédération qui
n’avait pas prévu qu’un jour, le club de la principauté serait un club de
l’élite, qu’il y gagnerait des titres majeurs et que ces titres
permettraient par la suite de défendre les couleurs du pays dans des
compétitions continentales. Monaco était un cas trop à part dans le
football européen.
Pour la première fois depuis plusieurs saisons,
l’A.S.Monaco reste timide sur le marché des transferts avec pour seule
arrivée un dénommé Théodore Skudlapski dit Théo
venu de Rennes. Dans le milieu du football, on ne donne pas cher de sa
carrière, trop lent, bien trop lent pour un avant-centre, à une époque où
la rapidité était la grande vertu. Mais ce jeune gaucher dispose d’un
toucher de balle magique et d’une vision de jeu exceptionnelle et ça,
Lucien Leduc l’avait compris et va décider de s’en servir au mieux. Devant
un scepticisme général, Lucien Leduc remanie complètement l’organisation de
sa formation, exit le « WM » et ses cinq attaquants, organisation tactique
la plus en vogue à cette époque. Leduc innove et fait reculer Théo en
soutiens des quatre attaquants restants, sans le savoir l’entraîneur
monégasque invente le meneur de jeu. Théo était peu mobile, mais un
mouvement ou un contrôle allait lui suffire cette saison-là pour faire
courir le joueur adverse. Il sera régulièrement la victime de la
combativité plus ou moins honnête de ses adversaires.
La petite innovation tactique de Leduc va être
payante, Monaco va directement enchaîner 7 victoires lors des 7 premières
journées, la plus longue série de l’histoire du club en championnat. L’ASM,
bien au-dessus du lot, s’envole et terrasse ses concurrents, cependant
l’équipe se voit trop belle. Bien sur il y a des victoires irréprochables
(5-1 à Limoges et face à Nice, 3-0 contre Nîmes), mais les quatre autres
succès furent pour le moins étriqués avec des prestations plutôt médiocre
et une équipe fort bien heureuse d’y ramener tout de même les 2 points de
la victoire. C’est ainsi que Monaco va sombrer lors des trois rencontres suivantes
à Toulouse (0-3), face au Stade Français (2-4) et à Reims (0-3). Une sévère
mais bénéfique punition qui nécessitera encore quelques semaines de
convalescence et de remise en question avant que l’équipe ne se remette à
flot.
Une remise à flot marquée par une victoire 3-0
contre le grand concurrent de l’ASM pour le titre suprême, le RC Paris. Dès
lors, de la 17ème à la 34ème journée de championnat, l’ASM va remporter 14
rencontres permettant au club de la principauté de tenir les assauts à distance
du RC Paris et de son attaque de feu qui ne perdent pratiquement jamais. Si
bien que le match retour entre le RC Paris et Monaco prévu à seulement 4
journées de la fin du championnat est d’une importance capitale. Mais
malheureusement pour Monaco, la meilleure attaque du championnat va
foudroyer la meilleure défense de l’hexagone et l’ASM perds
la tête du championnat.
Le titre se jouera finalement à la dernière journée
dans un duel à distance entre deux équipes comptant chacune 55 points, mais
à l’avantage du RC Paris à la différence de but. Et à cette difficulté
comptable s’ajoute pour Monaco celle d’un adversaire (Valenciennes) qui
doit remporter la rencontre s’il veut sauver sa place en D1 tandis que le
leader parisien se déplace au Havre, équipe du ventre mou qui n’a plus rien
à perdre ni rien à gagner. Le RC Paris sera pourtant accroché par le doyen
des clubs français, mais Monaco n’en profite pas. Trop frileux, les hommes
de Leduc frôlent même plusieurs fois la catastrophe avant que le portier Garofalo
ou que les montants de la barre transversale ne sauvent l’équipe. Fort
heureusement, le néerlandais Bert Carlier trouve enfin l’ouverture sur coup
franc un peu avant la pause et donne à Monaco la victoire et le titre de
Champion de France.
Avec 26 succès au compteur, l’ASM s’offre même le
luxe d’obtenir le record du plus grand nombre de victoires en une saison
(en compagnie de Reims puis plus tard Nantes), un record qui est toujours à
prendre aujourd’hui.
|
Éliminé par Roubaix (D2) en 16ème de finale de Coupe de France,
l'ASM est don repêché pour la Coupe Drago au
stade des 16ème de finale. Monaco va alors enchaîner trois succès
incontestables à Béziers d'abord puis au Louis 2 face à Metz et le RC Paris
principalement grâce au goléador Lucien Cossou auteur de 6 buts durant ces trois matchs. L'ASM
accède donc aux demi-finales qui met sur le chemin des Monégasques leurs
bourreaux en Coupe de France, le FC Roubaix. Monaco s'offre une cinglante
revanche en inscrivant 3 buts. En finale au Parc des Princes face à
Strasbourg (D2), un grand Michel Hidalgo auteur des deux buts monégasques
offrira la première victoire du club de la principauté en Coupe Drago, sur le score de 2-1 pour un joli doublé Coupe(Drago)/Championnat.
|