A la
recherche d’un attaquant de classe internationale afin de pallier le départ
programmé de David Trezeguet, l’AS Monaco va
malgré un joli pouvoir d’achat éprouver toute les difficultés du monde à
trouver son nouveau joyau. Aussi, après avoir tenté en vain de récupérer
des prolifiques buteurs d’Europe tel que Catanha,
Hasselbaink, Diego Tristan ou Julio Cruz, l’AS
Monaco, dos au mur, se voit contraint de revoir ses prétentions à la
baisse. Le club de la
Principauté va alors se tourner vers le Championnat de
France et plus précisément vers Rennes ou sévit depuis deux ans l’une des
sensations du moment : l’attaquant Shabani Nonda. Malheureusement, Rennes n’est pas vendeur et
reste ferme tandis que Monaco, qui a épuisé toute ses possibilités, se voit
contraint de payer le prix fort pour s’attacher les services du joueur
africain : 140 millions de francs, record absolu. Une addition d’autant
plus salée que si Shabani Nonda
est un attaquant complet et très intéressant pour un club comme Monaco, il
ne possède pas lui-même l’étoffe internationale.
Une
inquiétude qui va très vite se confirmer sur le terrain. Nonda, ouvertement moins talentueux que Trezeguet, sera comme Dabo,
ouvertement moins talentueux que Lamouchi, et Jurietti, ouvertement moins talentueux que Sagnol, l’un des artisans malheureux de l’énorme perte
qualitative de l’ASM, engendrant un sévère contrecoup sportif. L’ombre de Trezeguet plane au dessus de la tête du Congolais, tout
aussi lourd que le poids en or qu’il a coûté. Peu à l’aise, parfois très
maladroit et incapable de s’entendre tactiquement avec Marco Simone, sa
marchant sur les pieds, Nonda est le symbole
d’une génération 2000 championne de France mal renouvelée par un
recrutement raté. Au cours de ses deux premières saisons monégasques, Shabani Nonda n’aura pas été
fondamentalement mauvais, mais cumulera les prestations très moyennes,
incapable de produire une quelconque valeur ajoutée à l’équipe.
Sa
troisième saison monégasque en 2003, sous la houlette de Didier Deschamps,
va toutefois changer la donne. Monaco, grâce à l’éclosion de jeunes joueurs
et au retour au plus haut niveau de ses cadres, renaît sportivement,
entraînant dans un tourbillon positif l’avant-centre congolais. Nonda va être à la conclusion d’un excellent collectif
qui mettra tout en œuvre pour le mettre dans de bonnes conditions. Grâce à
un milieu créatif d’une qualité exceptionnelle (Gallardo,
Rothen et Giuly) et au
travail généreux de Prso, Nonda
brille à nouveau, retrouve confiance et adresse. De bonnes conditions de
travail qui lui permettront de devenir un impressionnant meilleur buteur du
Championnat. Nonda donne enfin sa pleine mesure
mais reste encore un de ces joueurs pas intrinsèquement décisif et étant
totalement tributaire du niveau de ses coéquipiers.
Le tout
début de la saison suivante est une nouvelle occasion pour Nonda de progresser. Le joueur très actif
collectivement, impressionnant physiquement et efficace devant le but, est
sur le point de prendre une nouvelle dimension. Malheureusement, son
ascension sera dramatiquement stoppée en même temps que sa carrière, par un
tacle de Pierre-Fanfan lors de PSG-Monaco. Indisponible jusqu’à la fin de
la saison, il voit dans les tribunes le Monaco de son remplaçant Morientes briller de mille feu sur la scène européenne.
Grâce à un joli travail et une belle discipline, Nonda
réussira à revenir avant la fin de la saison, déjouant les pronostiques et
se distinguant même en demi-finale de la C1 face à Chelsea.
On pense
alors retrouver un Nonda en pleine possession de
ses moyens pour sa 5ème et dernière année de contrat, mais c’est un tout
autre joueur qui accomplira la saison. Constamment gêné par d’étranges
blessures, mentalement affaibli et peu motivé, Nonda
va complètement rater sa saison au point de ne plus avoir la confiance de
Didier Deschamps et ne pas voir se profiler à l’horizon une prolongation de
contrat. Acheté 140 millions de francs 5 années plus tôt, Nonda est laissé libre par le club.
Shabani Nonda restera comme
une recrue au goût amer dont la déception ne sera pas comblé
par une seule et unique bonne saison. Une chère opération symbole du déclin
sportif et de la débâcle financière de la fin de l’ère Campora.
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