ASMFoot.fr - Fiche de Joueur

 

Jean TIGANA

 

 

 

 

Nom

Jean Amadou Tigana

Nationalité

France

Naissance

23 Juin 1955 à Bamako (Mali)

Fonctions

Entraîneur

Entraîneur

Arrivée

1995 - Entraîneur de l’Olympique Lyonnais

Départ

Janvier 1999 - Démission - Puis entraîneur de Fulham

Palmarès à Monaco

Vainqueur

Championnat de France 1997

Trophée des Champions 1997

Second

 

Distinctions

Entraîneur de l’année France Football - 1997

 

 

 

 

 

 

        Après une saison 1995 difficile marquée par la fin de l’ère Wenger, Campora signe Jean Tigana qui vient de propulser Lyon vice champion de France. Tigana est un entraîneur très sévère et exigeant, adepte du travail foncier mais c’est avec cette ligne directrice très dure qu’il s’est notamment forgé la réputation d’être particulièrement habile pour lancer la carrière de jeunes joueurs.

        Le challenge va s’avérer très ardu pour Tigana qui doit reprendre une équipe totalement décomposée. Ce dernier s’appuie alors sur quelques certitudes qui avaient fait le bonheur de Marseille : une ossature défensive composée de Di Meco, Boli et Barthez. Malheureusement, les trois joueurs ne sont absolument pas au niveau. A cela s’ajoute une ambiance exécrable directement imputée au « clan marseillais » qui va être palpable jusque sur le terrain. Tigana revoit alors sa stratégie et apporte un peu de fraîcheur en faisant confiance aux remplaçants et aux jeunes. Il aligne Legwinski et Viaud et lance Henry, Wreh, Irles et Dos Santos. Le tout  associé à l’ancienne ossature de Wenger composée de Dumas, Thuram, Scifo, Petit et Puel, l’équipe revit, faisant un bond au classement et accrochant l’Europe au finish.

        C’est donc fort logiquement que Tigana conserve son groupe la saison suivante. Poursuivant sur sa lancée, Monaco se retrouve tout de même distancé par le PSG. Scifo blessé et Petit de nouveau opérationnel, Tigana réorganise alors son milieu de terrain. En enracinant définitivement Petit au milieu et en offrant les clés de l’organisation à Benarbia, Monaco devient irrésistible. L’équipe produit alors un jeu offensif et construit, basé sur des passes courtes à une touche de balle. A la qualité technique des individualités s’ajoute un collectif extrêmement solide et un engagement physique intense, de plus en plus flagrant à mesure que la saison avance. Le travail foncier de Tigana paie et l’écart en championnat se creuse en faveur de l’ASM. Il faudra toute la roublardise et la malhonnêteté italienne de l’Inter de Milan pour faire chuter Monaco en demi-finale de la Coupe de l’UEFA, seul regret d’une saison exceptionnelle qui consacre certainement l’une des toutes meilleures équipes de l’histoire du club : meilleure attaque ET meilleure défense du championnat, pour 19 victoires et 3 petites défaites.

       Durant l’intersaison, c’est par l’intermédiaire de la presse qu’il apprend les départs conjugués et sans son consentement de Grimandi et Petit à Arsenal. Dès lors, sa relation avec Campora commence à se détériorer. Perdant aussi  Blondeau et Anderson, Tigana se retrouve à quelques jours de la reprise du championnat avec un bloc défensif à revoir totalement et un buteur à dénicher. C’est avec un recrutement en dent de scie et réalisé dans l’urgence que Tigana entame la saison. Pariant une nouvelle fois sur la jeunesse pour compenser les manques, il va trouver en Trezeguet une incroyable force de frappe. Avec un Benarbia au sommet de son art abreuvant de ballons une triplette d’attaquants redoutables (Ikpeba, Trezeguet et Henry), Tigana mise tout sur l’offensive, faisant de plus en plus souvent évoluer son équipe en 433. Malgré une relative fragilité défensive, Monaco jouera longtemps le titre en championnat et fera un parcours exceptionnel en Ligue des Champions, éliminant Manchester et se faisant sortir en demi-finale par une Juventus de Turin bien heureuse de se qualifier sur deux penaltys litigieux.

       La saison 1999 sera la plus difficile pour Tigana. Benarbia parti, l’entraîneur doit repenser son animation offensive et reconstitue la paire lyonnaise Gava/Giuly, renforcée par Lamouchi. Malgré de multiples configurations, la mayonnaise ne prend pas. Le trio cultive le paradoxe de constituer un milieu de terrain trop offensif tout en étant incapable de compenser l’absence d’un vrai meneur de jeu. A cela s’ajoute des difficultés relationnelles. Le message de Tigana ne passe plus et les joueurs se plaignent d’une trop grande sévérité, tandis qu’un Henry capricieux devient ingérable. Excédé par  la situation et peu soutenu par Campora, Jean Tigana donne sa démission dès l’hiver et décide une nouvelle fois de prendre du recul sur le football.

Carrière à Monaco

 

Saisons

Champ.

France

Coupe France

Coupe

Ligue

Trophée Champ.

Europe

Total

Mj

B

Mj

B

Mj

B

Mj

B

Mj

B

Mj

B

1995/1996

D1-03

C3

38

-

3

-

3

-

-

-

2

-

46

-

1996/1997

D1-01

C3

38

-

1

-

4

-

-

-

10

-

53

-

1997/1998

D1-03

C1

34

-

4

-

1

-

1

-

10

-

50

-

1998/1999

D1-04

C3

20

-

0

-

1

-

-

-

8

-

29

-

Total

130

-

8

-

9

-

1

-

30

-

178

-

 

ASMFoot.org - Fiche de Joueur

 

Le 442 Losange de Jean Tigana

 

 

 

 

 

La Tactique

Brève chronologie

Membre du carré magique de l’équipe de France des années 1980, Jean Tigana tente très tôt d’installer à Monaco un 442 avec pour point central le milieu de terrain. La mise en place du dispositif date de la saison 1996 qui permet de mettre à jour plusieurs certitudes et révèle les besoins pour optimiser la formation. Avec un groupe parfaitement adapté, le 442 Losange prend sa pleine mesure au cours des saisons 1997 et 1998 malgré un effectif rajeuni. Le dispositif est abandonné au début de la saison 1999 à cause du remaniement au milieu.

D’une manière générale, Tigana a su entre recadrages et reconversions adapter avec réussite son effectif à sa formation fétiche.

L’animation

Le dispositif de Tigana est caractérisé sur le terrain par une très forte possession de balle. L’équipe impose son jeu à l’adversaire, un jeu qui se veut posé et construit à l’aide d’un enchaînement de passes de courte distance.

Ce jeu appliqué se caractérise par une avancée lente et appliquée, qui doit être comblé par d’incessants changements de rythme afin de déstabiliser l’adversaire. Ainsi, si la construction est lente, le tempo lui est souvent rapide.

Chaque élément de la formation se doit d’être bien en place, évoluant dans un périmètre bien déterminé, le tout formant un bloc compact et se découvrant peu. Les mouvements se font donc de manière coordonnée.

Les Besoins

Cette formation nécessite avant toute chose des joueurs disciplinés. La qualité technique y est primordiale. Avec cette tactique centrale, les joueurs doivent en effet savoir évoluer rapidement dans un petit espace. De manière individuelle, la formation de Tigana dépend avant tout d’un meneur de jeu très créatif et de deux milieux relayeurs disposant d’un important volume de jeu afin de répondre aux besoins défensifs et offensifs.

La Variante (433)

Sans trahir les valeurs essentielles de son dispositif, Jean Tigana utilisera selon les circonstances une variante plus offensive de sa formation à travers un 433. La bonne solidité de son bloc défensif lui permettra de sacrifier un élément au milieu de terrain afin d’aligner 3 attaquants avec un avant-centre et deux ailiers. Cette mesure plus audacieuse fut en mesure d’exploiter au maximum la richesse et à la qualité du capital offensif mis à sa disposition.

Cette variante sera soit adaptée au cours d’une rencontre afin de débloquer une situation difficile, soit utilisée dès le départ afin de faire rapidement la différence.

Saison 1995/1996

La Saison

C’est au cours de cette saison que Jean Tigana prend la tête de l’ASM. N’ayant pas encore pu modeler le groupe à son image, la mise en place de son dispositif se fait au prix de quelques dysfonctionnements. Il faut près d’une demi-saison avant que ne se détache un 11 typeBoli, Petersen, Ikpéba et Valéry sont plus ou moins écartés.

Si par la suite le 442 losange fonctionne plutôt bien, la réussite tiens plus aux qualités individuelles des joueurs alignés qu’a un réel équilibre collectif.

Le jeu n’est pas encore d’une totale fluidité et la formation souffre parfois d’un déséquilibre au milieu de terrain, cependant les performances individuelles de Scifo et de Anderson permettent d’obtenir de prompts résultats, comme en témoigne la 3ème place finale au classement.

Les Joueurs

La défense monégasque est à la base une défense à plat mais qui ne se découvre que très peu pour jouer le hors-jeu. Franck Dumas s’impose comme le véritable patron de la défense et évolue plus souvent comme le dernier défenseur, laissant généralement Thuram charger l’attaquant adverse. Eric Di Méco, fort de son passé d’ailier profite toutefois de la prudence du milieu gauche Viaud pour exercer quelques montées.

Legwinski et Viaud, souvent supplées par Puel sont les deux éléments les plus défensifs du milieu de terrain. Disposé plus haut que Legwinski, Viaud viens souvent soutenir le premier cité.

Disposé en tant que relayeur droit, Ali Bénarbia est beaucoup plus offensif que son compère de gauche Viaud. L’international algérien est moins à l’aise dans les tâches défensives et fait d’abord parler ses qualités individuelles et son explosivité pour soutenir le meneur Enzo Scifo.

Cadre de l’équipe, Enzo Scifo est l’organisateur attitré de la formation. Joueur relativement lent, l’expérimenté meneur belge cherche par un jeu de passes très variées à bousculer la formation adverse. Il s’écarte parfois sur la gauche afin de donner de l’espace à Bénarbia.

En attaque, Sonny Anderson évolue en pointe et laisse Madar ou Ikpéba décrocher et tourner autour de lui. L’avant-centre brésilien disposé assez haut, tente constamment de se démarquer et s’engage souvent dans des actions individuelles. Il s’impose en effet comme le  point culminant de la formation que recherche systématiquement Scifo, Bénarbia ou Madar afin de conclure les actions.

Saison 1996/1997

La Saison

La deuxième intersaison de Tigana lui permet de mieux équilibrer son effectif notamment en recrutant John Collins. Le seul départ de taille, Lilian Thuram étant compensé par l’arrivée de l’international espoir Djetou.

Monaco débute la saison avec une charnière centrale Dumas-Djetou et un milieu composé de Petit, Collins, Bénarbia et Scifo. Perdant tour à tour Petit et Scifo pour de longues indisponibilités, l’entraîneur monégasque va remodeler ce qui se révèlera être l’équipe Championne de France. Djetou passe en milieu défensif, Grimandi prenant sa place en défense, Legwinski s’impose à droite tandis que Bénarbia enfin à son vrai poste de meneur fait oublier Scifo. En attaque, l’éclosion définitive de Henry et la résurrection d’Ikpéba viennent tour à tour soutenir Anderson.

Au retour de Petit, c’est avec un groupe de 13 titulaires en puissance que le club rattrape son retard sur Paris et remporte le titre avec une avance conséquente, en développant un jeu collectif parfait combiné à une solidité défensive sans faille.

Les Joueurs

Barthez participe pleinement au jeu de l’équipe en effectuant systématiquement des relances propres directement dans les pieds des attaquants.

En défense Dumas se plait à couvrir le stoppeur Grimandi et le milieu défensif Djetou. Posté juste devant la charnière centrale, ce dernier évolue presque en temps que deuxième stoppeur et verrouille tout tentative adverse vers le centre.

Plus haut, Collins et Legwinski sont les joueurs les plus actifs de l’équipe et alternent travail défensif et offensif. Puissant et endurant, Collins prête volontiers main forte à Djétou dans l’entrejeu tandis que Legwinski qui se révèle à ce poste de relayeur droit fait parler sa vélocité et sa jolie conduite de balle.

Bénarbia se révèle être la véritable plaque tournante de la formation. Habile dribbleur, le meneur se plait à évoluer dans les hostiles et petits périmètres adverses, adressant de nombreux ballons à ses attaquants.

En attaque, Anderson reste l’indéboulonnable buteur, soutenu soit par Henry qui se positionne en faux ailier gauche et exploitant ses frappes enroulées, soit par Ikpéba plus à l’aise sur le côté droit. Ce qui vaut parfois à Tigana de les aligner tout trois ensemble. Les trois attaquants vont évoluer beaucoup plus bas que de coutume, ce qui leur permet d’exploiter les espaces pour prendre de vitesse la défense adverse lors des passes en profondeur de Bénarbia.

Bien ne n’ayant plus de poste attitré, Petit sera systématiquement sollicité pour prendre les rôles de Collins, Djetou, Grimandi et Martin, toujours avec succès.

Saison 1997/1998

La Saison

Victime de son succès, la formation de Tigana attise les convoitises et le club ne peut retenir tout le monde. Tigana perd malgré lui Anderson et une grosse partie de sa défense (Petit, Grimandi et Blondeau) pour se renforcer avec des joueurs moins expérimentés. Malgré les difficultés et un effectif rajeunis, Tigana saura maintenir le cap, à a faveur d’un milieu de terrain clé inchangé et de l’éclosion de Trezeguet et Sagnol, et ce malgré les blessures de N’Doram et Spehar, principales recrues en attaque. Un peu moins solide défensivement, la qualité et la fluidité du jeu des Champions en titre reste inchangées tandis que la puissance offensive ne souffre pas de la perte de Anderson. Le club fini avec une bonne 3ème place et une superbe prestation en C1.

Les Joueurs

La défense est le secteur le plus remanié de l’équipe et le bloc sera souvent changé en cours de saison. A gauche, Pignol et Léonard se disputent le poste. A droite Sagnol recruté en tant que défenseur central s’impose avec brio au poste. Très offensif, le joueur exerce des montées ravageuses et effectue des centres précis, ce qui apportera une nouvelle solution offensive inédite sur les côtés dans une tactique d’origine centrale. Au centre, Dumas reste l’indéboulonnable taulier associé surtout à Konjic, solide garde du corps, mais aussi à Irles et Djetou.

Le dernier cité reste avant tout le milieu défensif de l’équipe, même si Diao ou Da Costa reprennent ponctuellement le flambeau. Moteur de l’équipe, le milieu de terrain Champion de France reste inchangé et constitue le garant de la qualité du jeu, et ce même si Collins, Legwinski et Bénarbia doivent s’adapter au style Trezeguet.

En effet la où avec les flèches Anderson-Henry l’attaque jouait dans la profondeur, Trezeguet systématiquement en pointe évolue en temps que point de fixation, réclamant davantage de ballon dans les pieds. Bénarbia saura parfaitement s’adapter aux besoins du jeune buteur tandis que le travail de Sagnol sera un atout supplémentaire pour atteindre Trezeguet dans les airs.

Avec Trezeguet en pivot associé à Henry à sa gauche s’engouffrant dans les espaces ou Ikpéba à sa droite percutant et provoquant, l’attaque monégasque est aussi complète que variée. Mais la plus faible solidité défensive de l’équipe conduira Tigana à n’utiliser les trois en même temps que dans d’extrêmes recours.

Saison 1998/1999

La Saison

En perdant Collins et Bénarbia, le club met fin au carré magique qui fut le garant du jeu fluide de l’équipe. Pour pallier ces manques, Tigana qui a déjà recruté Giuly au cours de la saison dernière signe le gaucher Franck Gava afin de reconstituer la paire lyonnaise. Enfin, le club offre les clés de l’animation à Lamouchi en lieu et place de Bénarbia.

Avec ces remplacements poste pour poste, l’idée de Tigana est de maintenir le cap du 442 losange et reformer un collectif semblable avec les nouveaux arrivants. Malheureusement, avec la perte sur blessure de Legwinski et la nécessité d’aligner Djetou en défense, le milieu de terrain composé de Da Costa, Gava, Giuly et Lamouchi se révèle trop tourné vers l’offensive et très friable défensivement.

Ne disposant plus des joueurs adaptés dans une équipe qui encaisse beaucoup de buts, Tigana abandonne très tôt dans la saison son 442 losange en se concentrant sur un renforcement du secteur défensif.

Ayant beaucoup de mal à trouver une solution adaptée, il jette l’éponge à la mi-saison. Il sera supplée par Puel qui redressera la barre de manière spectaculaire en adoptant le plus souvent le dispositif en vogue du moment : le 442 carré.

Les Joueurs

Si l’effectif en défense reste inchangé, des indisponibilités successives interdisent Tigana d’aligner le même quatuor à chaque match en ce début de saison. Ce qui pousse entre autre l’entraîneur à faire appel à Djetou en défense. Dans l’entrejeu, c’est un Da Costa moins solide qui prend sa place.

Avec la longue indisponibilité de Legwinski, Tigana se résout à tester un duo Gava-Giuly au poste de relayeur en s’appuyant sur leur côté respectif de prédilection et Lamouchi en meneur. Hors les deux anciens lyonnais se révèlent bien mal à l’aise dans des positions si reculées. Peu entraînés au repli défensif, leurs allants naturels conduit à évoluer très haut, ce qui amène à un grave déficit d’équilibre avec pour seul verrou Da Costa.

De plus, l’entente entre les trois individualités offensives du milieu de terrain n’étant pas rodée, le jeu peine à trouver les attaquants et surtout Trezeguet qui en est totalement dépendant et ne peut plus donner sa pleine mesure. Henry et Ikpéba quant à eux, ne sont pas au mieux de leur forme.

Cette situation compliquée de début de saison met fin au 442 losange de Tigana, qui cherchera à renforcer son secteur défensif en associant deux véritables stoppeurs à Dumas.